Michel Cliquet

Michel Cliquet

Études : Architecture à l’école supérieure de La Cambre à Bruxelles, Bijouterie et Ferronnerie d’Art à l’école des Arts et Métiers de Bruxelles, Horticulture Ornementale et Architecture des jardins, à l’école d’horticulture du Jardin Botanique de Bruxelles, Informatique à l’École Pratique des Hautes Études Commerciales à Bruxelles, Infographie aux Facultés Universitaires Saint-Louis à Bruxelles, Sculpture monumentale aux Académies des Beaux-Arts de Tournai et de Bruxelles, Photographie aux Académies des Beaux-Arts de Liège et de Spa.
• Passions : l’écriture et le livre, la connaissance et le bien-être de l’humain
• collaborateur aux éditions de “L’Arbre à Paroles” en 1992
• cofondateur de la revue de poésie “L’Arbre à Plumes” en 1993
• fondateur et rédacteur en chef des “Éditions de l’Acanthe” de 1993 à 2006
• fondateur et rédacteur en chef du magazine “Acanthe” de 1999 à 2006
• fondateur et conservateur honoraire de la “Poémathèque Henri Falaise” depuis 2002
• membre du conseil d’administration de l’Association des Écrivains Belges en 2018/2019
• membre de diverses associations littéraires
• Grenier Jane Tony depuis 1992
• Groupe “Années Quatre-vingts”
• PEN Club International.Association Royale des Écrivains Wallons
• Association des Écrivains Belges de langue française
• Société des Poètes Français
• Théâtre Poème
• Unimuse, association d’écrivains du Hainaut Occidental.
https://regisliber.wordpress.com/ma-poetique

Poème, je vis de tes mirages,
tel de la mer un paludier,
dont il sublime la fleur du ciel.


Michel Clique

Je veux écrire aimer
simplement
comme font les enfants
un peu de sable dans les yeux
à la main une plume de paon
et dans le sourire l’offrande
d’un croissant de lune

aimer est château de papier
dont le soupir du temps ne laissera
qu’un tapis épars de mémoires fanés
au dernier jour nous reposerons
gisants de sable en la paume du vent

encore nous faudra-t-il chercher
sous le poudroiement des aubes
la perle inavouée
encore faudra-t-il marcher
avec sous les semelles
la boue des chemins
où nous avons trop pleuré

le jour s’avance je le suis
sans relâche au papier je confie le vol
du corbeau blanc de mes éclipses
son ombre caresse mes silences
voluptueusement je bois l’absinthe
et tends la main au vide
quelqu’un s’en saisira
sera-ce Dieu…
sera-ce un ange…
ou une gueuse ?

poème
nécessité de lieu
urgence de dire
de poser sur le papier
cette matière impalpable
ce sable de déraison
non point posséder l’écrit
mais être possédé par lui
innocent et vierge
à chaque page blanche

la quête du poète ne regarde que lui
elle n’est point le bonheur
le bonheur est un état de grâce instantané
que favorise un concours occasionnel
de circonstances aléatoires
il n’est point artefact
à quoi bon le poursuivre
le poète ne pourra qu’en rêver
seul importe l’à construire… l’à créer
ce qui n’est plus à bâtir est voué à la ruine et à l’oubli

la permanence n’est point d’ici
tout est éphémère hormis l’illusion
et dans l’illusion de l’impermanence du poème
transparaît l’absolue vérité mot à mot exprimée

bien sûr l’instant est de sable
mais sa trace est éternelle
et parce que sa trace demeure
l’instant demeure

le poème est lieu de vie
bien qu’éphémère soit la vie
aussi la vie est éternelle
évanescence et permanence
sont les deux visages de Dieu
et l’acte du poète façonne l’éternel
avec des mots fugaces
oui le poète est à l’image de Dieu

la quête du poète est l’écriture absolue
exprimer ce qui doit être dit
tout cela et rien de plus
en tout temps veiller à proclamer
le vrai
le beau
l’absolu
et rien que cela
hormis quoi tout ne lui sera
que silence
et solitude

Solitude je te salue
reine des nuits amères
impératrice aux rêves de sable
l’on t’appelle et te repousse
tu suscites désir et crainte
et l’on oublie
à chaque fois que deux êtres se complaisent
que ce qu’ils nomment aimer
n’est que simple accordance de leur même solitude

Solitude
à-corps-danse
l’on t’épouse en naissant
et il n’est de divorce possible
devant l’autel de ta loi
en toi seule se trouve la vérité
la voie de l’accomplissement
en toi seule toute création
vie et mort
amour et haine
matière et néant
lumière et ténèbre

d’un battement d’aile
je t’appelle
d’un frisson
d’un murmure
ma paume s’impatiente
mon souffle t’invente
je suis déjà ton ombre
dans la lumière naissante

Solitude je viens
au blanc pays de tes merveilles
quérir le nom du monde
me livrer à l’amer de tes sables
au tendre de tes paumes

en cette nuit muette
bord à bord emplir de mon silence
la vérité de tes lèvres
cueillir à pleine brassée le bouquet de tes yeux

sans larmes ni regrets
sans voile ni pudeur
immerger en tes lagunes offertes
tous les frémissements
toutes les extases

prendre en flagrant délit d’abandon
ton regard évadé de l’instant
savourer le vide
le silence
l’absolu dépouillement d’un aveu de ciel

imprégner mes absences
de tes humeurs
de tes fragrances
de ta plénitude
désirer ton espace
en boire la mouvance
en savourer l’arôme
le ravissement
en ma mémoire désormais
tes images complices
tes mains offertes
tes secrets

Solitude saurai-je
l’amer de tes sables…

Michel Clique